D’après l’analyse de cycle de vie réalisée dans cette étude, les principaux impacts environnementaux d’un télescope astronomique sont les émissions de gaz à effet de serre et l’épuisement des ressources naturelles. La réduction de ces impacts passe par une alimentation du télescope assurée par des énergies renouvelables, une modification de sa conception et une utilisation de matériaux recyclés. Réalisée par une équipe interdisciplinaire pilotée par l’Institut de recherche en astrophysique et planétologie (IRAP/OMP – CNRS, CNES, UT3) et le Laboratoire de génie chimique (LGC – CNRS, Toulouse INP, UT3), cette analyse constitue une première pour un télescope astronomique (instrument scientifique de 84 tonnes) et fait l’objet d’une publication dans la revue Nature Astronomy.

Des études récentes ont identifié les télescopes comme l’une des sources importantes de gaz à effet de serre émis par les activités de recherche en astronomie. Ces émissions proviennent à la fois de la construction des télescopes et de leur fonctionnement. Or, les gaz à effet de serre ne sont pas la seule menace qui pèse sur l’humanité et le climat terrestre. Ainsi, des chercheurs ont découvert que six des neuf limites planétaires nécessaires au bon fonctionnement du système Terre sont désormais dépassées à cause des activités humaines.

Il devient alors urgent de déterminer tous les impacts environnementaux des moyens d’observation en astronomie, afin d’identifier des pistes pour leur réduction. C’est ce qu’une équipe scientifique interdisciplinaire, pilotée par des chercheuses et chercheurs de l’IRAP/OMP (CNRS Terre et Univers) et du LGC (CNRS ingénierie), vient de faire pour la première fois à travers une analyse de cycle de vie d’un télescope qui sera installé prochainement sur l’île de La Palma, en Espagne.

L’étude fait apparaître que les émissions de gaz à effet de serre et l’épuisement des ressources naturelles sont les principaux impacts environnementaux du télescope. L’analyse suggère que le télescope émettra 2660 (+/- 274) tCO2eq sur son cycle de vie, dont 44% proviennent de la construction, 1% de la mise en poste sur site, et 55% du fonctionnement pendant 30 ans.

Ces émissions pourront être réduites de 46% si le télescope est alimenté par de l’énergie renouvelable, au lieu des générateurs diesel actuellement installés sur l’île. D’autres pistes pour réduire les impacts environnementaux comprennent la réduction du nombre de composants électroniques utilisés dans la caméra, l’utilisation de procédés moins énergivores pour la fabrication du télescope et l’utilisation de matériaux recyclés. L’étude révèle également l’importance de considérer les impacts environnementaux dès la phase de conception d’un télescope. Dans ce cadre, l’équipe à l’origine de cette étude parue dans la revue Nature Astronomy propose d’ajouter des budgets environnementaux au cahier de charges du projet pour limiter leurs impacts.

Impacts environnementaux et leur origine sur le cycle de vie du télescope installé sur l’île de La Palma. Un Pt correspond à l’impact environnemental d’un humain moyen sur une année.

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Références

dos Santos Ilha, G., Boix, M., Knödlseder, J. et al. Assessment of the environmental impacts of the Cherenkov Telescope Array mid-sized telescope. Nat Astron (2024).

https://doi.org/10.1038/s41550-024-02326-4

Contacts

Jürgen KNÖDLSEDER – jurgen.knodlseder@irap.omp.eu

Marianne BOIX – marianne.boix@toulouse-inp.fr